Un délabrement matériel et spirituel
La mainmise des Ferrières-Sauvebeuf sur l’abbaye de Saint-Amand est une illustration parfaite des abus de la commende. Le nom des Ferrières dans la liste des abbés de Saint-Amand apparaît en 1525 pour n’en disparaître qu’en 1706. Quand des légataires désignés se trouvaient dans l’impossibilité d’exercer leur abbatiat en raison de leur trop jeune âge, des arrangements étaient trouvés qui permettaient d’assurer ce que l’on pourrait qualifier d’un intérim. Ainsi pendant 182 ans, le siège de Saint-Amand est resté occupé par les cadets de la famille Ferrières-Sauvebeuf; la crosse passant d’oncle à neveu, tandis que les revenus étaient détournés de leur destination au profit de cette maison dont les seigneurs considéraient l’abbaye comme partie du patrimoine familial.
L’abbaye a ainsi largement contribué à l’édification, en bordure de Vézère du château de Sauvebeuf entouré d’un remarquable parc à la Française orné de deux magnifiques fontaines monumentales. Par suite de brouilles avec sa famille le dernier abbé de la lignée Ferrières , Jean II de Ferrières, révoqua les contrats de donation consentis en faveur de ses neveux. Son héritage fut revendiqué par son frère aîné, conseiller du roi et grand Sénéchal d’Auvergne.
L’abbatiat d’Henri de Longueval qui succéda à Jean II de Ferrières est surtout marqué par d’interminables actions en justice visant à obtenir de la famille Sauvebeuf réparation des dommages subis par l’abbaye. Les documents qui les rapportent donnent une image très parlante de l’état de délabrement matériel et spirituel de l’abbaye au début du XVIIIème siècle.
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